Ibn Battuta, journaliste algérien, homonyme de l’explorateur marocain du XIVe siècle, essaie de retrouver la trace et le lieu d’une révolte très ancienne, celle des Zendj, esclaves noirs condamnés à assécher les marais du Bas Euphrate, sud de l’actuel Irak, au VIIIe siècle. Ses recherches nous emmènent en Algérie, en Grèce, aux Etats-Unis, au Liban, en Irak sous l’occupation américaine. À Beyrouth, le reporter rencontre Nahla, une étudiante palestinienne exilée avec ses parents en Grèce. Elle transite des fonds réunis par les étudiants grecs pour les Palestiniens, dont Rami, du camp de Chatila. Conçu avant les révolutions arabes et tourné pendant, le film conjugue passé et présent, montre que les luttes traversent les siècles. Pour Battuta, il est moins important de trouver ce qu’il cherche que de le chercher. Une utopie nomade qui lui échappe, une réalité qui s’efface au fur et à mesure de ses avancées, laissant la poésie s’imposer dans chaque plan. La puissance, la beauté et l’audace du film offre au spectateur un grand moment de cinéma.
Grand prix du festival Entrevues de Belfort 2013