« Un jour, il y aura une révolution en Égypte. Fais ce que tu veux, n’aie pas peur ». Confidence d’un père à sa fille, avant de mourir sans avoir vu la vague des « Printemps arabes » déferler sur son pays. Amal était trop jeune pour manifester en 2011. Deux ans après, avec la fougue de ses quinze ans, elle s’incruste pourtant dans l’univers très masculin de la contestation.
C’est au cours de cette période que Mohamed Siam l’a rencontrée et filmée, sur une durée de six ans, dans le bouillonnement « post-Tahrir » et les premières désillusions de l’ère Morsi, suivies du coup d’état contre-révolutionnaire du général Sissi. Roman d’initiation documentaire, Amal s’attache au parcours parabolique d’une adolescente vers l’âge adulte et saisit ses transformations successives comme un corps métaphorique : celui d’une société tout entière, encore en quête de son introuvable émancipation de vieux schémas patriarcaux, dont les fondements semblent avoir été à peine ébranlés.